Cambodge : en route vers l’agriculture durable

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Cambodge : en route vers l’agriculture durable

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Louvain Coopération travaille chaque jour à soutenir les agriculteur.trice.s locaux de la province de Kampong Thom et Kampong Cham au Cambodge. L’agriculture durable s’annonce comme une voie privilégiée pour les sortir de leur vulnérabilité et les rendre plus résilients.

L’agriculture est un des piliers de l’économie cambodgienne, représentant près de 25% du PIB du pays en 2016. Environ 80% des ménages vivent dans des zones rurales et dépendent, entre autres, de leurs activités agricoles. Les méthodes d’agriculture conventionnelles restent largement la norme, mais les techniques d’agriculture durable permettent d’élever rapidement socioéconomiquement les ménages. « Nous pouvons voir que l’agriculture durable est un vrai succès et qu’il y a un grand bénéfice économique. Il y a des familles qui ont fortement augmenté leurs revenus. Ils peuvent maintenant atteindre 1000 à 1500 dollars par mois pour l’ensemble de la famille », explique Neang Malyne, directrice du centre de recherche Ecoland de l’Université Royale d’Agriculture.

Lorsque nous parlons de méthodes d’agriculture conventionnelles, nous nous referons aux agriculteurs qui n’utilisent pas les techniques de l’agriculture durable : ils travaillent majoritairement en mono cultures et sont dépendants de nombreux intrants chimiques (engrais et pesticides). Traditionnellement, les produits agrochimiques ont été favorisés et définis comme étant la norme à suivre. Les agriculteur.trice.s reçoivent alors principalement les conseils des revendeurs de tels produits. Il est important de souligner qu’une partie de ces types de produits vendus dans les pays en voie de développement ne répondent pas aux normes internationales et sont interdits dans les pays développés à cause des risques sanitaires et environnementaux qu’ils revêtent. Malheureusement, l’utilisation de produits agrochimiques engendre une dépendance et nécessite donc d’augmenter continuellement l’utilisation de ces substances pourtant nocives pour les sols et les hommes. D’année en année, nous pouvons constater une hausse de la pollution des sols, des nappes phréatiques et des points d’eau environnants. D’un point de vue purement économique, le constat est effrayant. La dépendance à ces substances nécessite des investissements de plus en plus élevés pour une production similaire. Les dépenses de ces agriculteurs.trice.s continuent donc d’augmenter avec un très faible bénéfice économique.

Agriculture durable, agriculture sociale

En parallèle, aux méthodes agriculturales, l’idée même d’une agriculture durable se doit de penser le volet social. Le concept de base entendant assurer la santé et un revenu digne pour les agriculteur.trice.s.

Louvain Coopération a décidé d’aller un pas plus loin en constituant des groupes d’épargne solidaire qui donnent l’opportunité aux agriculteurs de développer davantage leurs business. En effet, les prêts privés ont des taux d’intérêt très élevés occasionnant une pression supplémentaire sur les revenus. Dès lors, cotiser dans un groupe d’épargne solidaire rend les emprunts accessibles, retisse des liens dans les communautés et réintègre la solidarité au centre du fonctionnement social.

Cambodge: agriculture durable

Construire la résilience à travers la recherche

Partant de l’intuition que répandre l’agriculture durable allait largement faire ses preuves, Amaury Peeters, directeur national au Cambodge de Louvain Coopération, a initié une recherche réalisée en partenariat avec le centre de recherche Ecoland de l’Université Royale d’Agriculture et le Earth and Life Institute de UCLouvain. « Le but premier de cette recherche était de mesurer les bénéfices de l’agriculture durable sur les foyers, et dans un second temps, d’en informer la société civile », précise Neang Malyne.

Cette recherche a été menée auprès de 80 agriculteur.trice.s sur base de l’outil « Évaluation de la durabilité des systèmes agricoles et alimentaires » de la FAO. Pour ce faire, ils ont été divisés en deux groupes : un pratiquant l’agriculture durable (ligne continue) et un pratiquant l’agriculture conventionnelle (ligne en pointillés). Ces deux groupes étaient similaires en termes de vulnérabilité (tailles de fermes, structures familiales et accès aux ressources naturelles semblables). Le schéma suivant montre la performance des agriculteur.trice.s sur différents thèmes de durabilité : l’environnement, l’économie, la gouvernance et le social. Toutes ces performances sont comprises entre 0 (faible durabilité dans le cœur du cercle rouge) et 1 (haute durabilité à l’extérieur du cercle vert foncé).

Nous pouvons donc dire que rendre les ménages tributaires de l’agriculture plus résilients est un défi qui a été relevé avec brio. Des revenus augmentés, une sécurité alimentaire réelle, une santé conservée, une solidarité naissante, l’agriculture durable a fait naitre des changements profonds dans les communautés.

Aujourd’hui, les agriculteurs peuvent imaginer leur futur et celui de leur famille autrement : « Depuis que j’utilise des techniques d’agriculture durable, le bonheur est revenu dans ma famille. Nous n’avons plus peur d’être malades et nous pouvons épargner pour l’éducation de nos enfants », raconte Ros Mom, une bénéficiaire du programme de Louvain Coopération.

Shéma

L'agriculture durable, c'est quoi au juste?

L’agriculture durable est l’application à l’agriculture des principes du développement durable, tels que définis lors de la conférence de Rio de Janeiro en 1992. Nous pouvons donc la définir comme une forme d’agriculture qui tient compte des limites environnementales, sociales et économiques des milieux dans lesquels elle est pratiquée. Au niveau environnemental, c’est une forme d’agriculture qui conserve la fertilité des sols, les ressources en eau, ainsi que les ressources génétiques végétales et animales ; au niveau socio-économique, il s’agit d’une forme d’agriculture qui ne porte pas atteinte aux êtres humains que ce soit au niveau de leur santé ou de leur niveau de vie. Un pilier de l’agriculture durable est donc l’utilisation la plus limitée possible d’intrants chimiques tels que les pesticides et les engrais chimiques qui impactent directement le pôle santé et le pôle revenu des agriculteurs.trice.s.

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